Cela fait maintenant quelques mois que je songe à poser par écrit la vision et l’histoire de Lifeaz. Une aventure entrepreneuriale extraordinaire dans laquelle nous nous sommes lancés il y a plus de 4 ans, avec Martial et Timothée. Les événements récents, combinés à une année qui m’a vu devenir père et a vu Lifeaz prendre une toute nouvelle dimension, ont donné encore plus de sens à ce partage.
Mais commençons par le commencement : le lancement d’une startup qui a vocation à donner le pouvoir de sauver des vies.
J’ai toujours perçu l’entrepreneuriat comme la création d’une entreprise qui devait avant tout avoir un impact positif sur la société. Et, au vu de mon histoire personnelle et de mon parcours professionnel dans l’industrie cardiaque, s’attaquer à l’arrêt cardiaque m’est apparu comme une évidence. Créer une entreprise qui répondrait à un véritable fléau de santé publique, et permettrait de sauver des milliers de vies chaque année, tout en répondant à un marché en pleine croissance, voilà un challenge qui s’avérait incroyablement motivant.
Pour donner quelques éléments de contexte, l’arrêt cardiaque est la première cause de mortalité évitable. Surtout, avec des gestes simples et avec la bonne technologie déployée, les défibrillateurs, nous sommes en mesure de changer les choses.
Chaque année, en Europe, plus de 400 000 personnes décèdent d’un arrêt cardiaque. Plus de 1 000 victimes par jour…
En France, cela représente 50 000 victimes par an, soit 200 fois plus que les décès par incendie ! Et je parle de victimes qui ont encore de longues années à vivre. L’âge moyen de l’arrêt cardiaque étant de 65 ans, et de seulement de 40–45 ans chez les sportifs amateurs. En Europe, ce sont donc chaque année, plus de 6 millions d’années de vie qui peuvent être sauvées.
Pourtant aujourd’hui, le taux de survie des victimes est de l’ordre de 5%. Un chiffre complètement aberrant quand on sait que dans certaines villes comme Seattle, on peut atteindre 60 voire 70% de survie.
La raison est assez simple :
Face à une victime d’arrêt cardiaque (c’est à dire inconsciente et qui ne respire plus) il faut intervenir dans les 4 premières minutes pour lui sauver la vie.
4 petites minutes alors que les secours mettent en moyenne 15 minutes à intervenir dans les grandes villes, parfois beaucoup plus en zone rurale… Or si aucun endroit au monde ne peut se vanter d’avoir une intervention aussi rapide des secours, c’est sur un autre critère qu’il est possible de jouer.
Et c’est ce premier témoin qui peut tout changer. Mais pour ça, il faut lui en donner les moyens :
Pour en savoir plus, découvre notre article "Agir face à un arrêt cardiaque, avec et sans défibrillateur".
Je citais le cas de Seattle un peu plus haut. Un exemple dans le monde, car après avoir formé 80% de sa population et déployé des milliers de défibrillateurs partout dans la ville, le taux de survie des victimes a pu être multiplié par 10. Beaucoup pensent qu’il faut des compétences médicales pour utiliser cet appareil, alors qu’en réalité, un défibrillateur est extrêmement simple à utiliser. Le défibrillateur automatique externe ou DAE guide vocalement la conduite à tenir et son fonctionnement est totalement automatique.
C’est donc le DAE et lui seul qui décide de délivrer ou non le choc électrique. Celui qui l’utilise ne peut en aucun cas empirer la situation, comme on pourrait le redouter. Ainsi, tout le monde, même un enfant de 10 ans, est capable de sauver une vie, mais encore faut-il y avoir été sensibilisé. J’y reviendrai dans un prochain article.
Pourtant, le problème actuel est double :
Faites le test et regardez autour de vous dans la rue, dans votre entreprise, dans votre quartier… Vous seriez probablement surpris !
La France a récemment pris conscience de cet enjeu, au moins dans une certaine mesure, et a posé les bases d’une vraie révolution. En effet, en 2020, de nouvelles lois sont entrées en application pour rendre notamment l’équipement en défibrillateurs obligatoire dans de nombreux ERP (Etablissements Recevant du Public ), et ce de façon progressive entre 2020 et 2022. Sont concernés les grands magasins, les hôtels, les lycées, les collèges, les salles communales, les salles de sport et bien d’autres ERP. Mais tous ces lieux ne représentent finalement que le sommet de l’iceberg. Car si la proposition initiale de loi concernait aussi toutes les entreprises de plus de 50 employés et les immeubles d’habitation, elle a été réduite lors de son adoption. Pour le moment !
Par ailleurs, d’autres lois ont pu voir le jour et ont ainsi rendu la formation aux gestes qui sauvent obligatoire à l’école ou pour certaines professions. Encore une fois, ce n’est que le tout début du chemin. Il faudra aller vraiment beaucoup plus loinpour générer un réel impact, et surtout il faudra se donner les moyens d’appliquer ces lois.
Les gestes qui sauvent doivent et vont devenir un savoir universel, accessible à tous, et maîtrisé par tous tout au long de sa vie, comme on apprend à parler, à écrire et à lire.
Demain, il y aura un défibrillateur à côté de chaque extincteur (et des extincteurs, il y en a 100 millions en Europe), et des centaines de millions de personnes seront formées aux gestes qui sauvent. C’est le sens de l’histoire, je n’en ai aucun doute. Et c’est la vision que nous portons chez Lifeaz.